Le cardinal Tauran et l’identité chrétienne / Par Olivier Figueras
Après avoir développé, ces dernières semaines, la question du dialogue islamo-chrétien, le cardinal Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, qui soulignait que le fondement dudit dialogue est « la condition humaine », mais qu’il nécessite cependant une certaine réciprocité, déclarait dimanche, au terme d’un colloque romain, la nécessité de l’identité chrétienne.
Interrogé sur Radio Vatican, le prélat a rappelé que « les racines chrétiennes sont un fait parce que la première école, les premières universités ont été fondées par l’Eglise ». « Nous ne pouvons donc pas comprendre l’Europe sans ces éléments qui ne sont pas des concepts mais des faits historiques », a-t-il expliqué. « Ainsi, nous devons avoir une identité pour survivre, sinon, nous n’avons aucune consistance. »
Evoquant ensuite la sentence de la cour de Strasbourg contre les crucifix, le cardinal n’a pas hésité à déclarer qu’il s’agit d’« une ingérence dans la culture d’un peuple ». « C’est une question d’identité, a-t-il clairement affirmé. Le crucifix fait partie de la culture en Italie et le peuple italien a donc tout à fait le droit de conserver sa spécificité culturelle. »
Elargissant le sujet à la question européenne, le cardinal Tauran a enfin affirmé que les chrétiens doivent « avoir le courage de la différence pour apporter une contribution spécifique du christianisme dans le débat public d’aujourd’hui ».
« Comme je l’ai dit, nous ne demandons pas l’asile, nous faisons partie de cette réalité de la société », a-t-il ajouté. Avant de conclure : « Dieu nous a plantés dans ce monde, dans la société d’aujourd’hui pour fleurir, et nous ne devons donc avoir aucun complexe : nous faisons partie de ce monde, et nous sommes plus que jamais décidés à contribuer au développement intégral des Européens. »
Un discours décomplexé dont on ne peut que se féliciter. Et espérer qu’il soit tenu un peu plus souvent au sein de l’épiscopat catholique…